Cette structure voulue transparente pour ne pas gâcher la beauté naturelle du lieu incite malgré tout le visiteur à réfléchir au quotidien terrible qu’ont connu les soldats de la Grande Guerre.
Les matériaux choisis y concourent : tôles, fer à béton, treillis pour coffrages, barbelé, tous à l’état brut soumis à l’action de la rouille ils sont l’équivalent des débris métalliques qui jonchent le sol des anciens champs de bataille où les boussoles s’affolent tant le fer prédomine sur la roche.
Les plaques de tôle découpées progressivement évoluent du carré qui rappelle la case du jeu d’échec, lui–même faisant référence à la stratégie guerrière, à la colombe figurant la paix. Cette progression imite la transformation d’une feuille de papier qu’un origamiste plie et déplie pour réaliser un animal plus ou moins simplifié facilement reconnaissable. Les découpes abruptes de la tôle accentuent la transformation d’une forme géométrique parfaite vers l’animal stylisé aux angles encore vifs mais que l’esprit imagine léger.
Sur la droite il faut voir une montagne, peut-être celle qu’on devine en arrière plan. Moins visible mais terriblement présent on aperçoit, en bas à droite, le casque renversé d’un soldat mort au combat. Au-dessus une palme, agrandissement de celles figurant sur la croix de guerre décernée aux héros, elle marque la reconnaissance de la nation pour leur sacrifice. Enfin le mot "patz", en langue d’oc signifie "paix", un mot qui souligne l’envol des colombes porteuses d’espoir.
Chevaux de frise
Pendant le blanc et nocturne novembre
Alors que les arbres déchiquetés par l’artillerie
Vieillissaient encore sous la neige
Et semblaient à peine des chevaux de frise
Entourés de vagues de fils de fer…
Guillaume Apollinaire