Si les hommes ont réussi au cours des siècles à modeler les paysages on peut dire aussi que les paysages ont formé les hommes. C’est particulièrement vrai dans la Barousse, écrin de verdure enserré entre les flancs des Monts Sacon, Aspet Monné, Hourmigué… couverts de hautes hêtraies et couronnés de vastes estives.
L’eau des torrents y a creusé des gorges profondes mais les glaciers ont raboté le fond des vallées où s’étalent de grasses prairies.
L’homme à ouvert des clairières et bâti des granges fromagères, il a élevé des murs avec les pierres de la moraine et étagé de nombreuses terrasses. La moindre parcelle fut cultivée pour nourrir une population qui n’a cessé de croître jusqu’au milieu du XIXème siècle (plus de 9000 habitants) pour décliner ensuite assez rapidement avant de se stabiliser et même progresser légèrement à partir des années 1990 (environ 2900 habitants à l’heure actuelle). Malgré les efforts opiniâtres des anciens, la vallée ne suffisait plus pour faire vivre une population aussi nombreuse alors que partout l’exode rural chassait les travailleurs vers les régions les plus industrialisées. Les épidémies, les guerres ont elles aussi prélevé leur tribut humain, amplifiant le phénomène.
Alors que les villages se développaient autrefois sur les pentes ensoleillées sur les versants orientés à l'est comme ceux orientés à l'ouest, le bas de la vallée étant réservé aux petites industries: scieries et moulins,
le mouvement s'est inversé dès le début du vingtième siècle. La population a décru plus rapidement dans les hauteurs que dans les fonds.